Au début du XIXem siècle la Belgique est dépendante d’autres pays pour la fourniture de police de caractères. La qualité du matériel est jugée médiocre, les imprimeurs s’en plaignent, cette trop grande dépendance incite Michel-Joseph Vanderborght (7 avril 1801 – 21 juin 1870) fils d’un imprimeur, de créer une fonderie de caractères au 17 du Fossé-au-loup à Bruxelles en 1834. Il se penche sur la fabrication de caractère plus résistant que les produits d’importation. Pour cela il travaille à trouver un alliage de meilleure qualité et à optimiser les méthodes de fabrication du caractère proprement dit.
Dès 1850 il dispose de machines modernes, machines qu’il a conçues et fabriquées, car dit-il, de cette façon, « on peut suivre au quotidien la qualité de fabrication et y apporter les modifications nécessaires ». Ces machines à fondre les caractères disposent d’un système réfrigérant permettant de doubler la production journalière de caractères. Ces machines seront les premières de conception et fabrication entièrement belge.
Les caractères Vanderborght trouveront très rapidement de nombreux clients et le grand quotidien de l’époque, l’Echo de Bruxelles, sera le premier à n’utiliser que des caractères de cette nouvelle fonderie belge.
En 1870 Michel-Joseph Vanderborght sent sa santé décliner, il passe la main à ses deux fils, Alexandre Vanderborgt (1841 - 1918) et François Vanderborgt (18 novembre 1844 - 20 septembre 1930), la firme prendra le nom de A & F Vanderborght.. Ceux-ci diversifient alors les activités de la fonderie. Ils fabriqueront l’ensemble du matériel nécessaire à l’installation d’une imprimerie « clefs-en-main ». Plusieurs de ces produits sont, semble-il, des perfectionnements et améliorations des matériels existants « […] il faut ajouter un calibre d’une mesure divisionnaire des points typographiques, une galée à épreuve pour journaux avec un spécimen de serrage adhérent des plus ingénieux ».
La maison Vanderborght sera représentante pour la Belgique, des presses à pédales Liberty du matériel Marinoni et de presse lithographique.
Lors de l’exposition de Bruxelles en 1880, dans la galerie du travail, la firme installe « une fonderie miniature permettant de se rendre compte de la fabrication des caractères d’imprimerie, l’outillage y est d’une très grande coquetterie (sic) ; on sent régner cet ordre qui, joint à une division du travail, produit des résultats féconds » selon l’Opinion d’Anvers du 27 juillet 1880.
La fonderie se trouve alors à Schaerbeck, le faubourg le plus populeux de Bruxelles, le déménagement du 17 Fossé au loup a été rendu nécessaire par le recouvrement de la Senne.
L’atelier Vanderborght comprend alors :
21 machines à fondre de fabrication maison,
12 machines à couper et à raboter,
2 machines à étirer les filets,
Machines à forer,
1 machine à rogner,
1 machine à créner
2 machines à fraiser
2 scies circulaires
8 tours.
La fabrique, outre l’administration, compte 165 employés à la production dont 2 graveurs de poinçons, 2 graveurs sur bois et 2 dessinateurs.
Chaque machine produit 30000 caractères par jour et ceci 300 jours par an. Les exportations se font vers la France, les Pays-Bas, la Suisse, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Egypte le Brésil, le Chili et la République d’Argentine. Vanderborgt fourni les polices soit en point Fournier soit en point Didot, les imprimeurs Belges utilisent le point Fournier alors que la France adopte le point Didot.
Le 1er mai 1887 Vanderborght éditera le premier numéro de la Revue Typographique, journal gratuit à destination des imprimeurs, au format 32x25. Le sommaire du numéro 10 est le suivant :
Comment établir les prix ; Conférence sur la publicité ; Heureuse solution ; Questions techniques nouvelles, jurisprudence (déjà) ; Intercalation des clichés, supplément et annonces. On y trouvera entre autre ce conseil dans l’établissement des prix : « Pour ne pas avoir à se livrer à des calculs constants l’imprimeur ajoute au prix de revient un certain taux pour cent représentant la part proportionnelle dans les frais généraux et son bénéfice net. Cela s’appelle les étoffes »
La firme diversifie à nouveau ses activités, il s’y ajoute une imprimerie.
En 1889, Jean Dumont, sans doute directeur technique de la société, publie une note sur l’histoire de la Fonderie, livre qu’il dédit à ses Chers et Estimés Patrons.
En 1901 François Vanderborght se retire pour des raisons de santé, Alexandre s’associe alors à Jean Dumont, la firme prend alors le nom de A. Vanderborght et J. Dumont. À cette occasion, la maison Vanderborght édite deux catalogues un premier in 4° de près de 500 pages et un catalogue in 8° plus spécialement destiné à l’export.
En 1910 la firme Vanderborght dispose de :
25 machines à fondre de Faucher plus 10 machines Vanderborght,
15 machines à couper et à raboter,
2 machines à fraiser,
2 machines à forer,
2 machines à rogner,
2 machine à créner,
3 scies circulaire,
2 machines à achever les clichés,
1 scie à ruban,
1 machine à plombaginer,
2 presses galvano,
2 presses à mouler,
2 fourneaux à fondre les garnitures.
L’imprimerie comprend :
2 presse mécaniques,
2 presses à pédale,
1 presse à satiner,
1 perforeuse
1 machine à rogner.
Il n’y a plus que 135 ouvriers et toujours 2 dessinateurs.
La même année Jean Dumont publie la deuxième édition de sa note sur l’histoire de la fonderie, il ne sera plus question de ses Estimés Patrons, puisqu’il est maintenant le patron. Pour l’essentiel cette deuxième édition reprend le contenu de la première.
Jean Dumont sera l’auteur du Vade-mecum du typographe et du lexique typographique qui sera son supplément. Il sera aussi enseignant à l’école typographique de Bruxelles.