Documents collection privée
Notice
Mikaël Lugan - 21 décembre 2010.
« Non pas revue, mais sorte de recueil composé de trois parties, dirigé semble-t-il par Alphonse Esquiros. Celui-ci constitue la première. La deuxième porte le même titre, mais en forme l'appendice (200 pages) et contient des lettres non signées à diverses "dames" et deux sonnets de Sainte-Beuve et Arsène Houssaye. La troisième et dernière partie (2e série du recueil) s'intitule "Les Belles Femmes de Paris et de la Province" cette fois, les auteurs sont cités : MM. de Balzac, Roger de Beauvoir, Brucker, Delanoue, Émile Deschamps, Esquiros, Th. Gautier, Gérard de Nerval, Gozlan, Guénot-Lecointe, Arsène Houssaye, Victor Hugo, Jules Janin, Juge, Alphonse Karr, Charles Lemesle, Méry, Jules Sandeau, Alexandre Soumet, Van Noé, Mmes Émile de Girardin, de Narbonne-Pelet, etc. Ce tome a paru en 1840 et compte 404 pages. (d'après l'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux, 1874). On peut supposer que les auteurs du 3e volume furent, peu ou prou, aussi ceux du 1er. »
 
Notice provenant du site : http://www.andrebreton.fr/fr/item/?GCOI=56600100269600
Frontispice
Alphonse-Louis Constant
Dans cet article, madame Gibus, probablement vers 1837 ou 1838, se trouve dans le magasin de Monsieur Gibus rue Vivienne.
 
Au 20 rue Vivienne c’est le magasin
d’Antoine Gibus.
 
Antoine Gibus (6 septembre 1798 Limoges - 30 septembre 1871 Versailles)
 
Épouse le 21 décembre 1829 Louise Sophie Naïs Bardin (1812 - 1830)
 
Puis épouse en seconde noce
Le 29 mars 1832 Virginie Evelina Aubry (1814 - 1887)
 
Ce portrait de madame Gibus est donc celui de :
Virginie Evelina Aubry, à 25 ans
Les Belles Femmes de Paris
Par des hommes de lettres et des hommes du monde
 
Honoré de Balzac, Roger de Beauvoir, Émile Deschamps de Saint Amand, dit Émile Deschamps, Henri-François-Alphonse Esquiros, Théophile Gautier, Léon Gozlan, Arsène Houssaye, Victor Hugo, Jules Janin, Ida Karr, Charles Lemesle, Joseph Méry, Gérard de Nerval, Sainte-Beuve, Jules Sandeau, Louis-Antoine-Alexandre Soumet, dit Alexandre Soumet
 
Dessins de :
Alphonse-Louis Constant, dit Eliphas Lévi (1810-1875)
Illustré par Caspar Gsell (1814-1904)
Imprimerie de Mme Poussin, rue Mignon, 2
1839
[Pages 17 à 19]
Parmi les yeux qui incendient le cœur des malheureux passants à travers les carreaux de vitre d'un magasin, les plus beaux et les plus coupables habitent rue Vivienne, chez M. Gibus le marchand de chapeau; Ils appartiennent à Madame Gibus.
Les yeux de Madame Gibus sont célèbres comme les chapeaux de Monsieur Gibus, il sont du même noir brillant et lustré. Du reste, les yeux de Madame et les chapeaux de Monsieur s'entendent merveilleusement et se font valoir : si les chapeaux de Monsieur Gibus procurent des admirateurs aux yeux de Madame, les yeux de Madame Gibus valent bien autant d'acheteurs aux chapeaux de Monsieur Gibus; Quand vous prenez un chapeau-Gibus vous admirez les yeux de Madame Gibus, mais on achète plus d'un chapeau-Gibus pour les yeux de Madame Gibus.
Je ne sais pas d'enseigne comparable à ses yeux la; ils valent tous les prospectus et toutes les annonces du monde, et il est impossible que la marchandise annoncée par des yeux pareils ne se débite pas merveilleusement; il y a toute une fortune dans ces regards, et leurs rayons se glissent jusqu'au plus profond de votre bourse au profit des chapeaux-Gibus, d'une façon irrésistible.
Les cheveux de Madame Gibus sont aussi fort beau longs et abondants, et noirs comme ses yeux. Ces yeux et ces cheveux noirs font paraître sont teint plus pâle,  qui s'en passerait, et la pâleur de son teint fait paraître ses yeux et ses cheveux plus noirs, qui n'en ont pas besoin.
Ces yeux sont admirables : ils brillent et à la fois languissent. Mais ce teint est bien pâle, et une pâleur de fatigue et d'épuisement. La bouche est fort grande, mais les dents n'en sont pas fâchées. Il y a dans cette pâleur, dans ces regards, dans cette taille qui a été forte et vigoureuse, a présent brisée et ployant sous elle, dans cette maigreur qui sent un peu son bois, dans le sourire un peu triste, qui veut être joyeux, toujours errant sur ces lèvres trop décolorées, comme une langueur voluptueuse, un charme maladif rempli de séduction.
 
[…]
 
[Pages 410 à 414]
Les belles femmes de Paris
au théâtre des variétés et au théâtre du vaudeville
 
     Trois auteurs font représenter au théâtre des variétés une pièce s'intitulant les belles femmes de Paris.
     Un des personnages de cette pièce fait référence à Madame Gibus, le rédacteur en chef des belles femmes de Paris en fait un commentaire :
 
[…]
Enfin, nous voulons faire une petite observation aux auteurs de la pièce des variétés. Madame Gibus est assurément fort belle, mais cela ne prouve rien contre les chapeaux de Monsieur Gibus. Les chapeaux de Monsieur Gibus pourraient fort bien se passer de la beauté de sa femme, et ils ne se vendent pas seulement par ce que Madame Gibus est belle : ils ne sont fort bien su se faire admettre aux expositions de l'industrie de 1834 et de 1839 ; ils ont fort bien su obtenir tout seuls une certaine quantité de médailles d'or, d'argent et de bronze. Nous avons sous les yeux plusieurs rapports très-favorables, aux comités des arts économiques et des manufactures, où il est question des perfectionnement excellent que Monsieur Gibus à apporter dans la fabrication des chapeaux, et nullement de la beauté de sa femme ; et il ne faut pas croire le public bonhomme à ce point d'acheter de mauvais chapeaux à cause de la beauté de la Chapelières.
 
Nous savons bien que Messieurs Dumersan, Lausanne et Duvert n'ont en effet rien dit contre les chapeaux de Monsieur Gibus ; mais il attribuent leur immense débit à la beauté de sa femme ; ils prétendent qu'il lui demande pour ses chapeaux une vogue que méritent fort bien l'excellence et la supériorité de leur fabrication. Ils ont servi, sans y penser, l'irritation et la jalousie fort naturelles de certains confrères de Monsieur Gibus dont les femmes sont laides et les chapeaux mauvais, par deux ou trois malheureuses phrases qui servent fort peu la pièce et qu'ils supprimeront sans doute. On ne s'attendait guère à trouver des chapeaux dans cette affaire ; mais comme ce livre est la cause de la pièce, nous avons cru devoir défendre dans ce livre, contre la pièce, les chapeaux directement attaqués de Monsieur Gibus